République Française.
Liberté, Egalité, Fraternité.
Nous, Commissaire Général de la République,
Vu le décret du Gouvernement provisoire, du 27 avril 1848, portant
abolition de l'esclavage dans les colonies françaises;
Considérant que par suite de la promulgation de ce décret
à la Guyane française le 10 juin dernier, c'est au 10 août
prochain qu'il doit avoir définitivement son effet ;
Voulant solenniser dans ce grand acte les vues providentielles dont il est
l'accomplissement
AVONS ARRÊTE ce qui suit :
Le jeudi, 10 du mois d'août prochain, sera jour de fête nationale
à la Guyane Française.
Une messe solennelle et un Te Deum seront célébrés
dans toutes les paroisses de la colonie en actions de grâces de l'abolition
de l'esclavage. Toutes les autorités civiles et militaires y assisteront.
Les commissaires-commandants s'entendront avec les curés pour l'heure
de la cérémonie dans leurs quartiers respectifs.
Un ordre spécial réglera le programme et l'heure de la
cérémonie, en ce qui concerne la ville de Cayenne.
L'ordonnateur est chargé de l'exécution du présent
arrêté, qui sera publié et affiché partout où
besoin sera, et inséré dans la Feuille et dans le Bulletin
officiel de la colonie.
Cayenne, le 15 juillet 1848.
Habitants de la Guyane Française
Il appartenait au mouvement social et religieux de notre époque
de consacrer la glorieuse régénération de la liberté
dans nos colonies. A peine nous apprenions l'avènement de la République
en France, et déjà avait retenti son généreux
principe que nulle terre française ne peut porter d'esclaves. Les
événements, depuis lors, se sont succédés, se
sont multipliés ; mais grâce au bon esprit et aux sentiments
d'union fraternelle de toutes les classes de la population, l'ordre et la
tranquillité n'ont pas cessé un moment de régner dans
le pays ; je mets orgueil à m'en féliciter avec vous, habitants
de la Guyane ; honneur à vous !
Honneur à vous surtout, vous qui naissez aujourd'hui à la
liberté ! Mes amis, je suis content de vous : vous avez montré
une fois de plus, par votre soumission aux lois, par votre sagesse, combien
la République avait eu raison de compter sur votre intelligence et
votre patriotisme. Le terme fixé à votre attente est arrivé.
Continuez ; désormais enfants de la France, vous justifierez ce noble
titre, j'en ai la confiance, par vos progrès dans la civilisation,
par votre dévouement à nos institutions, par votre attachement
au sol où vous vivez, en le fécondant par votre travail, pour
vous mêmes et pour vos familles, et aussi pour assurer la prospérité
de cette belle colonie, pour la rendre de plus en plus utile et précieuse
à la métropole.
Citoyens,
En vertu du décret de la République du 27 avril 1848, au nom
du peuple français, nous proclamons l'abolition de l'esclavage à
la Guyane Française.
Vive la République !
A Cayenne, le 10 août 1848
Le Commissaire général de la République,
Pariset.