Compte-rendu de la journée du 17 mai 2000
En liaison avec l'Université de La Réunion, et l'I.U.F.M., l'A.P.H.G. organisait le 17 mai 2000 une rencontre sur le thème: L'enseignement de l'histoire et de la géographie dans les D.O.M.
Environ 70 personnes se sont rassemblées dans l'amphithéâtre flambant neuf de l'université de la Réunion, sur le site du Tampon, de 9h à 17h, avec, pour objectif, de recueillir des informations le matin, puis de participer à une réflexion commune l'après-midi, sous forme d'ateliers.
Résumé des interventions du matin:
2. Transports et communications: L'inauguration du chemin de fer ( 1882); Le monomoteur de Goulette à Gillot; Les Messageries Maritimes sur les routes de l'Union française
3. Législation: Le Code noir (extrait); Un nouveau changement de nom; L'acte de remise de Bourbon au roi de France et de Navarre; Le mercredi 20 décembre 1848; La départementalisation des "quatre vieilles"
4. Vie économique. Démographie: La récolte du café; Le recensement d'un habitant; Vue générale d'une sucrerie; Un livret d'engagé indien
5. Vie sociale: Un exemple d'affranchissement; Des extraits de registres paroissiaux; Appel du Prefet Demange aux Réunionnais; Journal de l'inauguration , avec vue d'ensemble du C.H.D.
6. Calamités: le cyclone de 1848
7. Des personnages dans leur contexte: Bertrand François Mahé de Labourdonnais; Jean Baptiste Lislet Geoffroy; "Madame Desbassayns"; Edmond Albius; Sarda Garriga arrivé en rade de Saint Denis; Louis Henry Hubert Delisle; Roland Garros
3. Madame Gueffier, Claudine, du C.R.D.P. a présenté les outils déjà nombreux relatifs à l'enseignement de l'histoire et de la géographie régionales au C.R.D.P.; mis à part les livres et dossiers, dont la série "Les dossiers de notre histoire", plusieurs CDrom, viennent d'être édités (celui de Monsieur Albert Lopez, Professeur à l'I.U.F.M., sur la population réunionnaise) d'autres sont en préparation, notamment sur les paysages. A noter: une commande en cours vers le C.R.D.P. des Antilles Guyane, pour acquérir un Cdrom fort bien fait sur "Les esclavages de l'Antiquité à nos jours".4.Madame Roucaya Safla, responsable du fonds local universitaire, s'est attardée sur la grande richesse de ce fonds, dont le catalogue est accessible par le système OPAC: à voir à l'adresse : http://www.univ-reunion.fr/ .Le fonds "océan indien" présente des ouvrages sur les îles du sud-ouest de l'océan indien, et s'enrichit actuellement de publications sur l'Afrique australe et orientale, voire sur l'Australie. La Bibliothèque est depuis peu en relation avec Madagascar. La "grande île" référence par électronique un grand nombre de publications, y compris des articles ou des revues habituellement difficilement accessibles: http://hala.refer.mg/butana/iarivo/ .Madame Safla a précisé toutefois que nombre de thèses relatives à la zone océan indien ne sont pas forcément disponibles sur ce fonds, si elles ont été soutenues ailleurs qu'à l'université de la Réunion. A l'aide de transparents, elle a ensuite expliqué les étapes d'une recherche documentaire aboutie, notamment à l'aide d'exemples malgaches comportant résumés et iconographie...Des fascicules ont été distribués ( guide du SCD + liste de renseignements pratiques et d'adresses, dont nous transcrivons ici les principaux éléments): l'inscription à la Bibliothèque universitaire coûte 300F, pour les enseignants du secondaire, sur présentation de leur attestation d'exercice, avec photo d'identité et justificatif d'adresse. Le site de Saint Denis ( Faculté de Droit et Lettres) et le site du Tampon sont reliés par une navette, tous les jeudis, pour les prêts entre bibliothèques. Autrement dit, tous les ouvrages référencés sont disponibles sur n'importe lequel des deux sites.Les livres ( 3 ouvrages) sont empruntables 15 jours, et les exemplaires "exclus du prêt" peuvent en fait être sortis du samedi au lundi.Enfin, une liste de sites internet spécialisés ont été proposés:
*consacrés à l'océan indien: la C.O.I. (Commission de l'Océan indien): http://coi.intnet.mu/français/index.htm
la S.A.D.C. ( Southern Africa Development Community): http://www.sadc-online.com/index2.htm
la COMESA ( Common Market for Eastern and Southern Africa): http://www.comesa.int/
l'observatoire quebécois de l'océan indien: http://www.oqoi.qc.ca/oqoi/oqoi.htm
le Central statistical office ( équivalent de l'INSEE, à Maurice): http://ncb.intnet.mu/medrc.htm
*consacrés à l'esclavage: Yékrik yékrak: http://perso.wanadoo.fr/yekrik.yekrak/listdocesclaframe.htm
ACEME: http://julienas.ipt.univ-paris8.fr/~aceme/
et la page de l'APHG-Réunion
5. Monsieur Alain Vauthier, Directeur de la Bibliothèque départementale, relatant les origines de ce fonds, a évoqué avec humour la rivalité des débuts entre cet organisme et les Archives Départementales. Toujours est-il que nombre d'ouvrages, parfois rares, attendent des lecteurs attentifs en mal d'originalité pédagogique..
La pause café (!) a permis aux participants de feuilleter les nombreux ouvrages gracieusement prêtés par un certain nombre de collègues, et de se renseigner auprès du stand dressé pour l'occasion par le C.R.D.P; beaucoup de personnes ayant manifesté le souhait d'acquérir quelques ouvrages, l'A.P.H.G. envisage d'inviter à la rentrée de septembre des libraires de la place pour une exposition vente...
6. Monsieur Didier Lauglaney, Professeur des écoles, a ensuite témoigné de l'enseignement de l'histoire et de la géographie régionales dans le primaire; il a regretté que des ouvrages déjà anciens, mais fort commodes, n'aient pas été renouvelés, ( par exemple l'atlas thématique régional de Wilfrid Bertile, paru en 1987), ou même réédités ( le manuel paru en 1995 , rédigé par Wilfrid Bertile et J.M. Dieudonné, ). En somme, les enseignants souhaitent disposer d'un manuel ou d'un ensemble de documents pédagogiques facilement mobilisables dans des classes de primaire.
7.Madame Vandanjon, Professeur de collège a alors présenté le résultat d'une enquête menée par l'A.P.H.G. Réunion sur les pratiques et les souhaits concernant l'enseignement de l'histoire et de la géographie régionales; l'enquête consistait en un questionnaire adressé à l'ensemble du personnel d'éducation, du primaire au secondaire. Malgré le petit nombre de réponses obtenues ( 261 au total, 206 dans le primaire, et 55 dans le secondaire!), le parti a été pris de présenter ces résultats, bien que ceux-ci ne puissent prétendre à une valeur statistique réelle.
8. Mesdames Martine Tavan et Jocelyne Brizou , de l'I.U.F.M., ont regretté la méconnaissance des nombreux travaux à caractère pédagogique qui gisent à l'I.U.F.M.; car depuis plusieurs années déjà, cet institut forme les futurs enseignants à utiliser les ressources locales et à élaborer des documents originaux construits à partir de textes ou d'images d'archives ou encore de situations de terrain. A preuve, un échantillon de ces travaux était offert à l'appréciation des participants ( les documents ont été utilisés dans un atelier de l'après-midi). Sur transparents, le public a pu s'informer de la qualité de quelques "mémoires": un dossier sur une "habitation" du temps de l'esclavage, un autre sur la "révolution industrielle" à la Réunion...
9. Enfin, Monsieur Yvan Combeau, Directeur du Département Histoire à l'université de la Réunion a cloturé la séance du matin en précisant les nombreuses pistes explorées actuellement par les chercheurs, (quelques étudiants de maîtrise et de D.E.A. étaient présents dans l'amphithéâtre), et s'est déclaré prêt à répondre à toute demande de travaux conjoints associant chercheurs et enseignants...( un compte-rendu, certes incomplet, d'une partie des travaux de recherche en cours est disponible à la page "compte-rendu de la journée du 19 mars 1999")
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Les participants ont d'abord exposé quelques unes
de leurs pratiques, puis ont insisté sur leurs difficultés
( manque de cartes, de manuels, références trop anciennes...)
et aussi leurs craintes d'enfermer les élèves dans un enseignement
trop localisé, alors que justement il conviendrait d'ouvrir les
jeunes à des connaissances et des champs de réflexion au-delà
de leur appartenance à un espace insulaire. En voici le compte-rendu
par notre collègue Didier Lauglaney:
" Un rappel de la répartition du programme d'histoire et de géographie sur le cycle 3 est fait par Madame Jocelyne Brizou, formatrice à l'IUFM du Tampon. Elle rappelle aussi que pour la géographie, il n'y a aucune difficulté à partir du contexte géographique local pour faire émerger la notion étudiée, puis ensuite élargir sur la zone océan Indien, la métropole et le monde. Elle recommande pour le CM1 de s'attarder plus particulièrement sur la Réunion, positionner beaucoup de savoir sur notre environnement dans l'esprit des élèves, pour ensuite au CM2 passer à la métropole, aborder des notions plus abstraites, et terminer par le monde. Madame Brizou fait remarquer qu'en histoire, il est recommandé au CE2 de faire construire une frise historique sur laquelle est placé durant l'année des éléments symboliques, peu fouillés, des périodes à enseigner ( préhistoire, antiquité,...) cela dans le but de permettre aux enfants de structurer, d'organiser leurs notions dans la continuité du temps. Les six périodes à enseigner sont ensuite réparties entre le CM1 et le CM2, par le biais de leçons plus fouillées. La place de l'histoire locale et régionale dans l'enseignement de l'histoire est abordée. En effet, des textes relatifs à l'enseignement de l'histoire locale et régionale au collège et au lycée ont vu le jour dernièrement et donnent un cadre précis. Il est remarqué qu'il n'en est rien pour le primaire. Seules quelques références à des "textes spécifiques du conseil académique des programmes 1991-1992", citées dans le manuel "La Réunion, découvrons notre île", Nathan, 1992, font état d'un cadre et de notions historiques à acquérir. L'ensemble des participants note qu'il serait opportun de réfléchir et de préciser les notions de l'histoire locale à enseigner aux élèves du primaire, ainsi que leur intégration dans les programmes nationaux. |
Monsieur Jacques Delpech fait d'abord remarquer que le contenu
des programmes demande à être retravaillé. Exemple en
classe de 6°: la partie "préhistoire" ne prévoit rien
pour la Réunion, alors que nous sommes si proches de l'Afrique de
l'Est, berceau de l'humanité! Monsieur Philippe Bessière fait
remarquer qu'en classe de seconde, il est possible avec ces programmes de
traiter l'esclavage sans évoquer la traite ( et inversement!) ce
qui est totalement incohérent. L'absence de l'Asie dans les programmes
est également remarquée. Monsieur Jean Yves Techer indique que les deux problèmes essentiels aux yeux de nombreux collègues sont ceux de l'espace-temps et des outils. Un débat s'ouvre sur la question de l'espace-temps. Monsieur Jacques Delpech rappelle la position de l'association à ce sujet: les modules semblent l'espace idéal pour traiter l'histoire et la géographie régionales de manière cohérente. Monsieur J.Y. Técher fait remarquer que cet espace est réservé à l'apprentissage des savoir-faire. Des collègues répondent que l'on peut très bien assurer cette fonction à partir de l'histoire et de la géographie régionales. Tout le monde est d'accord en tout cas pour poursuivre la réflexion sur ce sujet en parallèle avec la mise en place des outils nécessaires. En effet, unanimité également pour juger ces outils très insuffisants et demander en priorité la mise en place de manuels. Monsieur François Régis Bué, responsable export chez Havas Diffusion Internationale, de passage à la Réunion, nous informe que les nouvelles conditions techniques du Primaire confirment leur intérêt pour la réédition de l'ouvrage "La Réunion, découvrons notre île", de Monsieur Wilfrid Bertile et Madame Marie-Andrée Dieudonné, seul manuel existant actuellement. Les collègues du secondaire souhaitent, eux, l'édition rapide d'un manuel sur la question à destination des collèges et des lycées. Il est alors décidé de contacter le plus tôt possible les auteurs pour la réédition de l'ouvrage du Primaire et de prendre contact avec les éditeurs pour les différents projets. Il est également prévu de contacter le Rectorat, le Conseil Général et le Conseil Régional pour les aides nécessaires, ainsi que de maintenir la liaison entre les différents niveaux d'enseignement pour assurer une bonne articulation de l'ensemble. Monsieur Yvan Combeau, pour l'Université, a évoqué le projet d'un précis universitaire sur la question. |