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L'esclavage à Bourbon

Famille esclave à Bourbon: gravure de Moreau le Jeune, 1772.

La période de l'esclavage a profondément marqué l'histoire de La Réunion, comme celle des autres anciennes colonies françaises d'outre mer. Pour autant, il est difficile de dire quand précisément furent acheminés les premiers esclaves: le peuplement de l'île devient définitif en 1663, avec les premiers colons, et des Malgaches. En 1674, le gouverneur Jacob Blanquet de La Haye, représentant la Compagnie des Indes Orientales à laquelle appartient Bourbon, interdit par ordonnance les mariages mixtes: les historiens y voient un des premiers signes de la constitution d'une société esclavagiste. Dès 1689, l'île compte 113 esclaves, sur 212 habitants! En 1714, ils sont 534 sur 623 habitants. Après l'obligation de cultiver les plants de café introduits par la Compagnie des Indes Orientales en 1715, la population servile est acheminée en masse dans l'île, en provenance de Madagascar, de la côte orientale africaine (par les comptoirs portugais au sud de Delgado). A partir de 1770, le nombre de "Cafres" débarqués aux Mascareignes (Ile de France et Ile Bourbon) dépasse nettement les arrivées de main d'oeuvre en provenance de Madagascar (on reproche aux Malgaches leur propension au "marronnage", c'est-à-dire à la fuite vers les hauteurs de l'île). Les habitants de Bourbon ont fini par dénommer "cafres" tout esclave originaire de l'Afrique, qu'il provînt de la côte mozambicaine, ou du golfe d'Aden. On pense que 115 000 esclaves auraient été introduits aux Mascareignes entre 1769 et 1810, alors que la traite était prohibée entre 1794 et 1802. Napoléon 1er rétablissant en effet la traite et l'esclavage, que la Révolution française avait abolis...La minorité des propriétaires terriens blancs cherche à diversifier les lieux de provenance des esclaves, afin de prévenir toute tentative de révolte au moins par la constitution d'un noyau ethnique important. Il y eut pourtant des révoltes: celle de 1799,à Sainte Rose, où 11 inculpés sont condamnés à mort, celle de 1811 à St Leu: la répression est extrêmement brutale, car il faut décourager toute nouvelle initiative. A la date de l'abolition de l'esclavage en 1848, le nombre d'esclaves était de 60 800, après avoir culminé à 69 983 en 1834. A partir de 1817, la traite est de nouveau interdite, ce qui n'empêche pas les arrivées clandestines: sans doute un peu plus de 19 000 esclaves (la démographie de la population servile étant en effet marquée par un double phénomène: d'une part, la surreprésentation masculine, d'autre part l'excédent des décès sur les naissances, d'environ 1500 personnes par an entre 1817 et 1830).

vente d'esclaves à Zanzibar

Au 19ème siècle, au cycle du café succède celui de la canne à sucre, tout autant demandeuse de main d'oeuvre: dès avant 1848, date de l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises, plusieurs propriétaires recrutent des "engagés", en provenance des colonies britanniques indiennes. Ainsi, à la fin de l'année 1848, l'île compte parmi les immigrants engagés 3372 Indiens, 78 Africains et 728 Chinois... Beaucoup repartent à la fin de leur contrat d'engagement, car les propriétaires terriens qui les emploient ne font guère de différence dans leur manière de les traiter avec leur ancienne main d'oeuvre servile... L'engagisme prend fin en 1933, avec la révolte des travailleurs engagés Rodrigais.

Quant aux affranchis de 1848, un peu plus de 60 000 personnes, ils accèdent difficilement au statut de citoyens de la nouvelle République; beaucoup ont refusé, malgré les exhortations pressantes et paternalistes du commissaire de la République, Sarda-Garriga, de continuer à travailler chez leurs anciens maîtres: en 1854, Patu de Rosemont est chargé d'un rapport pour les autorités coloniales; il constate que 35 000 personnes échappent au système d'engagement de travail, mis en place pour surveiller cette nouvelle population affranchie. Bien qu'un certain nombre exerce une profession, d'autres, privés de ressources, n'ont guère d'autre alternative que la misère, ou la prostitution. Un grand nombre d'entre eux s'abstiennent pour les élections organisées le 30 septembre 1849, par suite de pressions physiques et morales! Quant aux anciens propriétaires, les plus aisés d'entre eux rachètent les terres de ceux que les indemnisations liées à l'abolition n'ont pu prémunir contre une certaine précarité: la société se radicalise à la fois par la couleur de la peau et par la richesse...

Nous regroupons ci-dessous un certain nombre de liens vers des textes patrimoniaux relevant de cette période et vers des travaux issus de  recherches menées localement; il va de soi que ces liens sont très incomplets et ne demandent qu'à être étendus!

1. Textes et biographies:

Mûlatresse à Bourbon

2. Liens vers d'autres sites relatifs à l'esclavage:

Aquarelle réalisée par Hippolyte Charles Napoléon Mortier de Trévise, 1865, A.D.R.

PicoSearch

 

3. Bibliographie:(non exhaustive)

4. Documents pour la classe


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